21
FéV
2019

Téo Taxi: un projet ambitieux

Le 29 janvier dernier, Dominic Bécotte, le PDG par intérim de la société Téo Taxi, a annoncé la fermeture de l’entreprise[1]. Cette fermeture est en fait une conséquence directe des difficultés financières que connaît la société mère de Téo Taxi, Taxelco[2]. En effet, n’ayant pas réussi à atteindre les cibles de performance fixées par ses investisseurs, l’entreprise Taxelco s’est vu refuser la seconde moitié des sommes qui lui avaient été promises[3]. C’est ainsi que Téo Taxi, « n’[étant] pas encore rentable, et, surtout, n’[ayant] plus le support nécessaire pour poursuivre ses activités »[4], a dû annoncer la cessation de ses activités.

Le fait que les partenaires du projet Téo Taxi aient retiré leur financement est sans aucun doute un facteur déterminant dans cette affaire, mais il n’est pas le seul. Effectivement, la réglementation en vigueur dans l’industrie du taxi a également sa part de responsabilité[5]. L’un des souhaits de Téo Taxi était notamment de pouvoir ajuster la tarification des courses de taxi en fonction de différents critères comme l’achalandage[6]. Malheureusement, l’entreprise n’a pas réussi à obtenir les modifications nécessaires à la réglementation en vigueur au Québec[7].    

De plus, cette même réglementation n’est pas appliquée de manière uniforme à tous les joueurs de l’industrie. Par exemple, Uber, un féroce compétiteur aux compagnies de taxi en général, n’est pas soumis à cette règle qui interdit la modulation de la tarification des courses en fonction de la demande[8]. Non seulement l’entreprise Téo Taxi se retrouve-t-elle alors dans une situation de concurrence inégale, mais elle doit également faire face à des difficultés financières qui sont en fait incontournables à cause de la stricte réglementation qui encadre ses opérations.

Il est vrai que le projet Téo Taxi en était un d’ambition. Son modèle d’affaires était en effet plus exigeant que celui des taxis traditionnels puisque les employés étaient rémunérés à l’heure, que l’entreprise louait les permis et qu’elle était propriétaire des véhicules électriques[9]. C’est donc elle qui supportait tous les risques[10]. Par opposition, dans les coopératives de taxi, chaque chauffeur est un entrepreneur indépendant, propriétaire de son taxi et de son permis; ce qui a pour effet de partager la pression financière entre les chauffeurs et les compagnies de taxi.

 

 

[1] Lia LÉVESQUE, « Téo Taxi cesse ses activités », (2019), La Presse, [en ligne], [https://www.lapresse.ca/affaires/economie/transports/201901/29/01-5212717-teo-taxi-cesse-ses-activites.php], (10 février 2019).  

[2] AGENCE QMI, « Difficultés financières : Téo Taxi ferme ses portes », (2019), Le Journal de Montréal, [en ligne], [https://www.journaldemontreal.com/teo], (10 février 2019).

[3] Id.

[4] LA PRESSE CANADIENNE, « Téo Taxi disparaît de la circulation, tous les chauffeurs licenciés », (2019), Radio-Canada, [en ligne], [https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1149599/teo-taxi-fermeture], (10 février 2019).

[5] Id.

[6] Id.

[7] Id.

[8] Gérald FILLION, « Fin de Téo Taxi : que s’est-il donc passé? », (2019), Radio-Canada, [en ligne], [https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1149671/teo-taxi-que-sest-il-passe-gerald-fillion], (10 février 2019).

[9] Id.

[10] Id.

Étudiante au baccalauréat en droit de l’Université Laval. Impliquée comme bénévole dans le comité Pro Bono de l’Université Laval. Portant un intérêt particulier au droit de l’entreprise.

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